Limites planétaires : 7 sur 9 sont déjà franchies

Environnement

Temps de lecture : 5 minutes

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Publié le : 28/01/2025

À retenir

  • Les limites planétaires désignent neuf processus vitaux pour l’équilibre de la planète. Elles nous aident à voir où la pression humaine dépasse les capacités de la Terre.
  • 7 limites planétaires sur 9 sont déjà franchies : climat, biodiversité, cycles de l’azote et du phosphore, sols, eau douce, entités nouvelles… et, depuis 2025, acidification des océans.
  • L’acidification des océans illustre l’effet direct du CO₂ sur les écosystèmes marins, du corail au plancton.
  • L’empreinte carbone et l’empreinte eau sont deux leviers concrets pour comprendre son impact… et commencer à le réduire.
  • Agir localement, c’est déjà peser globalement : nos gestes du quotidien, soutenus par des politiques publiques ambitieuses, peuvent inverser la tendance.

Comprendre les limites planétaires pour agir efficacement

On parle de plus en plus des limites planétaires. Et pour cause : ces seuils définissent les règles du jeu pour que la Terre reste habitable. Climat, biodiversité, eau, sols… Elles couvrent neuf grands systèmes vitaux. Aujourd’hui, 7 limites planétaires sur 9 sont déjà dépassées. Un signal d’alarme fort, qui traduit un dérèglement global de notre planète.

Face à ce constat, nos choix de vie comptent plus que jamais. Grâce au simulateur Nos Gestes Climat, chacun peut calculer son empreinte carbone ou son empreinte eau. Mais ces deux indicateurs ne suffisent pas à saisir toute la pression que nous exerçons sur les grands équilibres planétaires.

Dans cet article, on revient sur ce que sont les limites planétaires, celles déjà franchies, et surtout ce que cela change pour nos modes de vie.

Quelles sont les limites planétaires ?

Définies en 2009 par des chercheurs du Stockholm Resilience Centre (1), les limites planétaires fixent les seuils à ne pas dépasser pour que la Terre reste stable, vivable et capable et de se régénérer. Chaque dépassement augmente le risque de perturbations graves, parfois irréversibles.

Les neuf limites planétaires sont :

  1. Le changement climatique : l’augmentation des gaz à effet de serre, comme le CO₂, dérègle le climat, fait monter les températures et déstabilise les écosystèmes.
  2. L’érosion de la biodiversité : la disparition rapide d’espèces animales et végétales affaiblit la résilience des écosystèmes et les services qu’ils rendent : pollinisation, fertilité des sols, filtration de l’eau…
  3. Les perturbations des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore : l’usage massif d’engrais perturbe ces cycles essentiels à la vie. Résultat : des pollutions majeures des sols et des eaux.
  4. Le changement d’usage des sols : l’agriculture, l’urbanisation ou les infrastructures grignotent les forêts, zones humides et milieux naturels, réduisant leur capacité à stocker le carbone et à héberger la biodiversité.
  5. L’acidification des océans : en absorbant du CO₂, les océans voient leur pH baisser. Cela perturbe tout l’équilibre de la vie marine, et limite le rôle de puits de carbone des océans.
  6. L’utilisation et le cycle de l’eau douce : la surexploitation des nappes phréatiques, rivières ou zones humides met en péril non seulement l’accès à l’eau potable, mais aussi l’irrigation de l’ensemble de la flore et les écosystèmes aquatiques.
  7. L’appauvrissement de l’ozone stratosphérique : certains gaz industriels (CFC, HCFC, solvants), détruisent la couche d’ozone, augmentant l’exposition aux rayons UV nocifs.
  8. L’augmentation des aérosols dans l’atmosphère : issus de sources naturelles ou humaines (combustion, transport routier, agriculture, etc.), ces particules en suspension dans l’air influencent le climat en modifiant les températures et les précipitations.
  9. L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère : microplastiques, polluants chimiques, perturbateurs endocriniens… Ces substances introduites par l’homme s’accumulent et perturbent durablement les écosystèmes.
Schéma des limites planétaires
Depuis septembre 2025, l’acidification des océans figure désormais parmi les limites dépassées.
Description détaillée de l'infographie ci-dessus

Les limites dépassées et présentant un risque élevé sont présentes en rouge :

  • Changement climatique
  • Érosion de la biodiversité
  • Perturbation des cycles biogéochimiques
  • Introduction d'entités nouvelles dans la biosphère

Les limites dépassées présentant un risque considéré comme "croissant" sont présentes en orange :

  • Changement d'usage des sols
  • Utilisation et cycle de l'eau douce

Les limites encore non franchies à date du graphique (2023) :

  • Acidification des océans (franchie en 2025)
  • Appauvrissement de l'ozone atmosphérique
  • Augmentation des aérosols dans l'atmosphère

Combien de limites planétaires ont été dépassées ?

Aujourd’hui, en 2025, 7 des 9 limites planétaires sont officiellement franchies. Mais comment en est-on arrivé là ?

En 2009, les chercheurs du Stockholm Resilience Centre en identifient sept. À l’époque, trois sont déjà dépassées. Une quatrième le sera en 2015.

En 2023, deux nouvelles limites s’ajoutent à la liste : les entités nouvelles et les aérosols. Le compteur grimpe à six limites dépassées

Puis, en 2025, un nouveau seuil critique est franchi : celui de l’acidification des océans, provoquée par l’absorption massive de CO₂. Désormais, seuls l’ozone stratosphérique et les aérosols restent (encore) dans la zone de sécurité.

Chaque dépassement traduit une pression excessive sur un système vital. Et ces systèmes sont interconnectés : franchir une limite augmente le risque de franchir les autres.

C’est ce qu’on appelle les points de bascule : des seuils critiques au-delà desquels les changements peuvent s’emballer. La fonte de la banquise arctique pourrait par exemple détraquer les courants océaniques. La déforestation massive, elle, peut faire s’effondrer des écosystèmes entiers, et dérégler à la fois les cycles du carbone et de l’eau.

Historique des frontières planétaires et les dépassements, de 2009 à 2025.
Description détaillée de l'infographie ci-dessus

En 2009, année de la première édition des limites planétaires, seules 3 étaient franchies (sur 7 initialement listées). Il y en avait 4 sur les 7 de franchies en 2015. En 2023, on présente 9 limites dont 6 de franchies. EN 2025, une septième limite est franchie.

Sept limites planétaires déjà dépassées : ce que ça change

Le changement climatique

Cette limite est liée à la concentration de CO₂ dans l’atmosphère. Avant l’ère industrielle, elle était d’environ 280 parties par million (ppm). Aujourd’hui, on dépasse les 425 ppm (2), en grande partie à cause de la combustion d’énergies fossiles.

Ce déséquilibre accélère les dérèglements climatiques : fonte des glaciers, montée des eaux, canicules plus fréquentes… avec des effets en cascade sur les écosystèmes et l’accès à l’eau douce.

L’érosion de la biodiversité

Environ 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. Le rythme actuel est 10 à 100 fois supérieur à la moyenne des 10 derniers millions d’années (3). Chaque disparition fragilise les écosystèmes et réduit leur capacité à résister aux perturbations.

Les perturbations des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore

L’agriculture intensive et l’usage massif d’engrais azotés perturbent ces cycles essentiels à la fertilité des sols.

Résultat : des pollutions majeures, notamment l’eutrophisation des milieux aquatiques. Cette prolifération d’algues étouffe la vie marine en consommant l’oxygène de l’eau.

Le changement d’usage des sols

Les forêts, zones humides et espaces naturels sont remplacés par des terres agricoles ou urbanisées. On estime que seules 62 % des forêts “originelles” subsistent, loin du seuil de sécurité fixé à 75 % (4). Or, les forêts jouent un rôle crucial : elles stockent du carbone, stabilisent les sols, régulent le cycle de l’eau et abritent une biodiversité importante.

L’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère

Plastiques, pesticides, perturbateurs endocriniens, matériaux radioactifs… Depuis 1950, la production de ces substances a été multipliée par 50. Leur accumulation, peu régulée, perturbe durablement les écosystèmes et provoque des effets durables (parfois encore mal compris) sur la santé humaine et l’environnement. 

L’utilisation de l’eau douce

La surexploitation des rivières, nappes phréatiques et sols menace les écosystèmes aquatiques et l’accès à l’eau. Ces déséquilibres affectent aussi la production agricole et la capacité des sols à jouer leur rôle de puits de carbone. 

L’acidification des océans : la dernière limite franchie

Depuis septembre 2025, l’acidification des océans est reconnue comme limite planétaire officiellement franchie. En absorbant une partie du CO₂ émis, les océans voient leur pH baisser, ce qui fragilise de nombreux organismes marins : coraux, mollusques, plancton…

Ce basculement menace un régulateur climatique majeur, et perturbe toute la chaîne alimentaire océanique.

Jour du dépassement vs limites planétaires : quelle différence ?

Chaque année, le Jour du dépassement marque la date à laquelle l’humanité a consommé toutes les ressources que la planète peut régénérer en un an. En 2025, ce seuil a été atteint le 24 juillet : un signal fort, et de plus en plus précoce. Selon le Global Footprint Network, si tout le monde vivait comme aujourd’hui, il nous faudrait 1,8 Terre pour subvenir à nos besoins.

Mais attention : cet indicateur ne mesure pas les dérèglements du système Terre, seulement notre rythme de consommation annuel. Il repose sur le calcul de l’empreinte écologique, qu’on vous explique plus en détail dans notre article dédié.

Evolution de la date du jour du dépassement de la terre, de 1971 à 2025.
Description détaillée de l'infographie ci-dessus

En 2025, le jour du dépassement tombe le 24 juillet. L'humanité a consommé la totalité des ressources que la Terre peut générer en une année.

En 1971, c'était le 29 décembre. En 1980, le 23 novembre. En 1990, le 16 octobre. En 2000, le 16 septembre. En 2010, le 8 août. En 2020, à la faveur du COVID 2019, c'était le 9 août. En 2023, comme en 2024 le 25 juillet.

Source : Global Footprint Network. Crédit : ID L'info Durable.

Le Jour du dépassement alerte sur notre “vitesse” de consommation.

Les limites planétaires pointent les “zones de rupture” à ne pas franchir.

L’un nous dit quand on dépasse les bornes.

L’autre nous dit jusqu’où la planète peut encaisser.

Ces deux repères sont donc complémentaires : ensemble, ils nous aident à comprendre l’ampleur et la profondeur de notre poids sur la planète.

Réduire nos empreintes pour respecter les limites planétaires

Nos choix de vie ont un impact bien au-delà de notre quotidien. En réduisant notre empreinte carbone et notre empreinte eau, on agit directement sur plusieurs limites planétaires, comme le climat, la biodiversité ou les ressources en eau douce.

L’empreinte carbone : limiter les dérèglements en chaîne

Nos émissions de CO₂ alimentent non seulement le changement climatique, mais aussi l’acidification des océans ou encore la déforestation. Agir, c’est possible : moins de viande, moins d’objets, plus de mobilités douces… Chaque geste compte pour alléger la pression sur les grands équilibres planétaires.

L’empreinte eau : préserver une ressource vitale et invisible

Chaque jour, entre 4 000 et 9 000 litres d’eau « cachée » sont utilisés pour produire ce qu’on mange, achète ou porte. Adopter une alimentation plus végétale, réduire le gaspillage ou acheter moins de vêtements, c’est aussi préserver les ressources en eau… et les écosystèmes qui en dépendent.

Un point de départ concret : mesurer pour agir

Réduire nos empreintes, c’est commencer par les mesurer. Grâce au simulateur Nos Gestes Climat, vous identifiez vos principaux postes d’empreintes carbone et eau et découvrez les leviers les plus efficaces pour les réduire. Un outil simple pour comprendre son impact… et passer à l’action.

Je fais le test !

Sources :

  1. Planetary boundaries - Stockholm Resilience Centre
  2. Limites planétaires, notre-environnement.gouv
  3. Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques
  4. La France face aux neuf limites planétaires : changement d'usage des sols
Portrait de Myriam Blal

Myriam,

Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.