Environnement

Objectif 2 tonnes : pourquoi réduire son empreinte carbone est un défi collectif

Temps de lecture : 5 minutes

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Publié le : 12/09/2025

une personne part de 9 tonnes au pied de la montagne et vise le sommet marqué 2 tonnes en 2050

Réduire son empreinte carbone est indispensable pour maintenir une planète habitable pour nous, pour nos proches, et pour les générations futures. On entend beaucoup parler de “réduire son empreinte carbone”, mais à quoi cela correspond-il vraiment ? Derrière cette expression, il s’agit tout simplement de mesurer l’impact de nos modes de vie sur le climat. Transports, logement, alimentation, consommation : tout s’additionne. Résultat, les émissions de CO₂e en France représentent en moyenne 9 tonnes de CO₂e par habitant et par an.

Or, pour respecter l’Accord de Paris signé en 2015 (voir notre encadré plus bas), il faudrait ramener cette empreinte carbone individuelle à 2 tonnes CO₂e en 2050.

Dans cet article, on fait le point sur la situation en France, les leviers individuels qui pèsent vraiment, et on vous explique pourquoi la suite se joue surtout à l’échelle collective.

Réduire son empreinte carbone : où en sommes-nous en France ?

Réduire son empreinte carbone commence par un constat chiffré. Aujourd’hui, en France, l’empreinte carbone individuelle moyenne est d’environ 9 tonnes de CO₂e par personne et par an. C’est plus que la moyenne mondiale (6,1 t). Mais c’est bien en dessous de celle des États-Unis (21 t).

Selon les modes de vie, cette empreinte varie fortement : de 4 tonnes pour les profils les plus sobres à plus de 15 tonnes pour les plus émetteurs.

Autrement dit, il faudrait diviser par plus de 4 nos émissions actuelles pour atteindre l’objectif de 2 tonnes en 2050 fixé par l’Accord de Paris. D’où l’importance d’identifier les secteurs qui pèsent vraiment dans nos émissions quotidiennes.

Les secteurs les plus polluants de notre quotidien

Graphique montrant les principaux postes d’émissions carbone en France : transports, logement, alimentation, services publics et biens de consommation.

Pour réduire son empreinte carbone, encore faut-il savoir où agir. En France, trois postes concentrent l’essentiel des émissions :

  • Les transports (28 %) : voiture individuelle, avion, fret. Ces modes de déplacement reposent largement sur les carburants fossiles. À eux seuls, ils pèsent près d’un tiers de notre empreinte carbone.
  • Le logement (25 %) : chauffage, électricité, construction, matériaux. Un logement mal isolé ou chauffé au fioul peut alourdir considérablement l’empreinte carbone d’un foyer.
  • L’alimentation (22 %) : viande, produits transformés, gaspillage alimentaire. Les régimes riches en produits d’origine animale sont particulièrement émetteurs.

À eux trois, ces secteurs représentent plus des trois quarts de notre empreinte carbone individuelle. L’empreinte des autres postes (services publics, biens de consommation, numérique) est moins importante mais non négligeable (on en parle après ) !

Connaître cette hiérarchie est essentiel : réduire son empreinte carbone passe d’abord par des choix sur la manière de se déplacer, se loger et se nourrir. En faisant sa part, il est possible de descendre sous la barre des 5 tonnes, plus difficilement sous les 3,5 tonnes. Si vous êtes déjà dans cette fourchette, bravo ! Vous faites partie des Français à l’empreinte carbone la plus basse. Vous avez atteint la limite de ce qu’il est possible de faire à l’échelle individuelle. La marche suivante ne peut se franchir qu’ensemble, grâce à des transformations collectives.

Facteur d’émissions : comment ça marche ?

Quand on parle d’empreinte carbone, on peut entendre parler du terme de “facteur d’émissions”. Il s’agit tout simplement du coefficient qui permet de convertir une activité en quantité de CO₂e émise.

Exemple concret :

  • 1 kWh d’électricité en France = environ 50 g de CO₂e,
  • 1 kg de bœuf = près de 28 kg de CO₂e,
  • un kilomètre en voiture à essence = 0,22 kg de CO₂e.

Ces facteurs d’émissions sont établis par l’ADEME et d’autres organismes de référence. Ils servent de base à tous les calculateurs carbone, comme Nos Gestes Climat, pour estimer l’impact de nos modes de vie.

Comprendre ces ordres de grandeur permet de hiérarchiser les actions : tous les gestes n’ont pas le même poids, et certains choix quotidiens (manger moins de viande, éviter l’avion, isoler son logement) réduisent beaucoup plus notre empreinte que d’autres.

Comment passe-t-on de 9 à 2 tonnes ?

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Réduire notre empreinte carbone pour atteindre l’objectif des 2 tonnes ne peut pas reposer uniquement sur nos choix individuels. C’est surtout une question de facteurs d’émission : quand l’énergie, les objets ou les services publics se décarbonent, c’est tout notre empreinte carbone individuelle qui baisse en cascade.

L’énergie

Aujourd’hui, produire 1 kWh d’électricité en France émet en moyenne 50 g de CO₂e. Avec le solaire, ce chiffre descend autour de 25 à 32 g. Plus notre mix électrique se transforme, plus l’empreinte de tout ce qui en dépend diminue : chauffage, mobilité électrique, électroménager… mais aussi des produits du quotidien comme une pizza surgelée, dont la fabrication consomme de l’électricité. Autrement dit, quand l’électricité devient plus propre, c’est non seulement notre empreinte carbone individuelle qui s’allège, mais aussi l’empreinte de tout ce qui est produit en France.

Les objets et leurs usages

Un objet a deux sources principales d’empreinte : sa fabrication et son usage. Un réfrigérateur, par exemple, représente environ 339 kg de CO₂e sur 10 ans, dont les trois quarts liés à la production. Demain, avec une électricité plus propre, des matériaux recyclés et des modes de production plus sobres, ces chiffres pourront baisser. L’empreinte carbone du réfrigérateur passera alors de 339 kg de CO₂e à 250 kg, puis 200 kg.

Les choix des entreprises comptent également énormément : réduire les déplacements professionnels ou privilégier la production locale peut alléger l’empreinte de chaque produit fabriqué.

Les services publics

Santé, éducation, infrastructures… cette part commune de notre empreinte carbone représente déjà environ 1,5 tonne par personne. Attribuée à chaque citoyen, cette part intègre par exemple l’entretien des routes, le fonctionnement d’un hôpital ou d’une école. On ne peut pas réduire ce poste individuellement : il ne peut baisser qu’à travers des choix collectifs, par des politiques publiques et des investissements.

Vous l’aurez compris, l’objectif des 2 tonnes ne se joue pas en solo ! C’est une dynamique collective, où citoyens, entreprises et État avancent ensemble et s’entraînent mutuellement.

Objectif 2 tonnes en 2050 : est-ce vraiment possible ?

une personne part de 9 tonnes au pied de la montagne et vise le sommet marqué 2 tonnes en 2050

Beaucoup trouvent l’objectif de 2 tonnes par personne irréaliste. Et pour cause : nous partons tous avec une empreinte de services publics de 1,5 tonne par personne. C’est déjà les trois quarts de l’objectif affiché pour 2050 ! Quand on sait qu’aujourd’hui l’empreinte moyenne d’un Français est de 9 tonnes, la marche à franchir paraît vertigineuse. Pas étonnant que beaucoup aient le sentiment qu’il est impossible d’y arriver seuls.

Et ce ressenti, vous êtes nombreux à l’avoir exprimé. Certains nous écrivent :

“Le test donne l’impression qu’en poussant à l’extrême, le 2 tCO₂e n’est pas réalisable.”

”Vous attribuez 1,5 tonne de CO₂e aux services publics. Il reste donc 500 kg à dépenser par an. Ma consommation de nourriture dépasse déjà ce seuil. Je suis convaincue par la démarche, mais n’est-ce pas décourageant de savoir que, quoi que nous fassions, nous n’atteindrons pas les objectifs ?”

Nous comprenons tout à fait ce sentiment. Faire le test peut donner l’impression que la marche est trop haute et que l’objectif restera hors d’atteinte. C’est pourquoi, chez Nos Gestes Climat, nous travaillons à proposer un ordre de grandeur plus atteignable d’ici la fin de l’année, qui donne des repères concrets pour les prochaines années. L’idée n’est pas d’abandonner les 2 tonnes en 2050, bien au contraire ! Mais de donner des étapes intermédiaires réalistes et motivantes, pour avancer ensemble sans découragement.

> **D’où vient l’objectif des 2 tonnes ?** > > En 2015, l’**Accord de Paris** a fixé un cap mondial : limiter le réchauffement bien en dessous de +2 °C, et si possible +1,5 °C (qui n’est malheureusement plus atteignable depuis cet été). > > Pour y parvenir, les scientifiques ont calculé ce que cela signifie concrètement : en 2050, nos émissions devront tourner autour de **2 tonnes de CO₂e par personne et par an**. > > Ce chiffre n’est pas magique ni arbitraire : il vient des **scénarios du GIEC** qui tracent les trajectoires compatibles avec +1,5 °C. En réalité, c’est une **moyenne mondiale** : certains pays devront descendre en dessous, d’autres pourront rester un peu au-dessus. > > Les 2 tonnes, c’est donc un **repère collectif**. Il ne faut pas le voir comme un objectif individuel impossible, mais comme un **point de passage** pour nos sociétés afin de garder une planète habitable.

Réduire son empreinte carbone : un chemin collectif

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Réduire son empreinte carbone, c’est d’abord une question de trajectoire. Aujourd’hui, nous sommes autour de 9 tonnes par personne en France. L’objectif des 2 tonnes en 2050 peut sembler irréaliste, mais il faut le voir comme un cap collectif. Entre-temps, chaque étape compte : passer de 9 à 5 tonnes d’ici 2030 serait déjà une immense victoire.

À l’échelle individuelle, il est possible de descendre sous les 5 tonnes, voire autour de 3,5-4 tonnes pour les modes de vie les plus sobres. Si vous êtes dans cette fourchette, vous avez fait l’essentiel de votre part. La suite ne se joue plus seul(e) : c’est en témoignant de votre mode de vie, en inspirant vos proches, en rejoignant des collectifs ou des associations que vous pouvez amplifier l’impact.

Car réduire son empreinte carbone ne repose pas uniquement sur nos gestes quotidiens. C’est une dynamique où citoyens, entreprises et pouvoirs publics avancent ensemble. Chaque pas, chaque tonne évitée est une victoire. L’important n’est pas seulement d’atteindre les 2 tonnes, mais de rendre la trajectoire crédible et mobilisatrice. Et c’est en avançant collectivement que nous y parviendrons.

Et si vous êtes encore loin de ce seuil, pas de panique : chaque geste compte. Pour continuer à réduire votre empreinte carbone, découvrez notre article sur les 8 gestes qui font vraiment baisser votre empreinte carbone, une porte d’entrée concrète vers les actions qui ont le plus d’impact.

> **Et moi, que puis-je faire en tant que citoyen·ne ?** > > - **Montrer l’exemple** : partager son mode de vie bas carbone, prouver qu’une vie à 4-5 t est possible **et** agréable ! > - **Inspirer et embarquer** : parler autour de soi, rejoindre une fresque du climat, une association engagée dans la transition écologique, une initiative locale. > - **Agir collectivement** : soutenir le basculement vers des mobilités plus durables (pistes cyclables, transports en commun). > - **Peser politiquement** : voter, interpeller, participer à la transition de son territoire.

Je calcule mon empreinte carbone (et vois si je suis déjà sous 5t)

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Pour aller plus loin : Objectif 2 tonnes, un chiffre peut-il suffire au passage à l’action ? (article 2tonnes)

Crédits images : Nos Gestes Climat, Unsplash (Jack Baxter, Andrew Moca)

Portrait de Myriam Blal

Myriam,

Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.