Réduire son empreinte logement… tout en étant locataire

Logement

Temps de lecture : 5 minutes

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Publié le : 22/10/2025

Voici l’hiver qui arrive, et un peu partout en France, les chauffages se rallument progressivement. C’est un sujet d’actualité, et à juste titre ! La consommation d’énergie liée au chauffage et refroidissement des logements représente la moitié de la consommation d’énergies totale des ménages (transport compris), et près de 20% de la consommation totale d’énergie du pays.

Cela se reflète évidemment dans les empreintes carbone calculées dans Nos Gestes Climat : le chauffage est de loin le premier poste d’empreinte du logement.

Pour réduire cette empreinte, les actions les plus évidentes sont de faire isoler son habitat, et/ou de changer de mode de chauffage, d’une énergie très carbonée (fioul / gaz) à une énergie bien moins carbonée (électricité, potentiellement avec pompe à chaleur, ou bois).

“C’est bien joli votre histoire, mais moi je suis locataire donc je ne vois pas ce que je peux faire”

Vous avez raison, une part des actions proposées en fin de parcours de Nos Gestes Climat sont très structurelles et ne s’adressent pas à tout le monde. Il faut avoir les moyens légaux et financiers d’améliorer le logement en lui-même, et donc en être propriétaire.

Heureusement, il est tout de même possible d’agir en tant que locataire pour gagner en confort thermique tout en réduisant ses consommations d’énergie (et donc son empreinte) ! Suivez le guide.

Un thermostat pour optimiser les plages de chauffe

Un classique : on arrive, il fait froid, on allume tout, ça met du temps à monter, voilà le chaud arrive, il est l’heure de partir.

Combien de fois nous sommes-nous retrouvés à atteindre une température enfin confortable dans la pièce au moment d’en sortir ?

Chauffer au bon moment, chauffer juste assez, chauffer “à propos”, voilà déjà un gain en confort considérable, et des économies substantielles réalisées.

Nul besoin d’être propriétaire pour installer un thermostat programmable chez soi. Bonus : il peut être connecté, et vous pouvez donc l’allumer ou l’éteindre à distance (pour anticiper un démarrage, ou rattraper un oubli d’extinction !).

L’ADEME estime les économies réalisées à 15% de la facture chaque année. C’est loin d’être négligeable !

À chaque système de chauffage son type de thermostat. Comptez une centaine d’euros pour un thermostat neuf, moitié moins pour un système d’occasion. L’appareil sera rapidement rentabilisé.

La chasse aux ponts thermiques

Un “pont thermique”, c’est une paroi très mal isolée par laquelle rentre le froid en hiver, le chaud en été. Montants métalliques, fenêtres (surtout en simple vitrage) ou portes sont des ponts thermiques très communs.

On parle de ponts thermiques avec l’extérieur du logement, mais on peut aussi en trouver dans le logement, entre les pièces chauffées et les pièces non chauffées. Par exemple, il est dommage d’avoir une déperdition de chauffage depuis la pièce chauffée (salon, cuisine) vers un couloir, un placard, ou un escalier.

S’il n’est pas forcément possible de remplacer l’équipement ou de réisoler la zone, il est possible d’atténuer le pont thermique par des équipements amovibles : joints isolants, rideaux, boudins de portes, tentures…

Focus : comment vêtir et dévêtir sa maison ? Un retour sur l’histoire des textiles dans l’habitat au travers des siècles et des territoires.

Par ailleurs, si vous avez des volets sur vos fenêtres, pensez bien à les fermer la nuit : c’est jusqu’à 60% de déperditions de chaleur en moins !

L’optimisation des équipements de chauffage existants

Mal entretenue, une chaudière peut souffrir de pertes de performance importantes, qui vont résulter en une surconsommation d’énergie. Cela peut être aussi une source de risques importants. On ne fait donc pas l’impasse sur l’entretien de son équipement par un professionnel ! Notons d’ailleurs que l’entretien de la chaudière est à la charge du locataire, qu’il est obligatoire, mais c’est au propriétaire que revient la charge des grosses réparations.

Du côté du ballon d’eau chaude, on règle sa température à 55°, pas plus ! C’est suffisant pour tuer les pathogènes, pour avoir de l’eau assez chaude pour la douche et la vaisselle… mais pas trop pour ne pas se brûler et chauffer inutilement une eau qu’il s’agira ensuite de refroidir. Par ailleurs, si votre ballon est situé dans une pièce froide, le ré-isoler peut être une très bonne idée et vous faire réaliser de vraies économies.

Et si on se chauffait soi plutôt que l’air ambiant ?

C’est ce qu’on appelle le “slow-heat” : chauffer les corps plutôt que les briques.

Des chercheurs belges se sont demandé comment réussir à optimiser le confort thermique en dépensant le moins d’énergie possible. Voici ici quelques pistes, et des ressources pour poursuivre les lectures.

S’habiller intelligemment

En hiver, il s’agit de pratiquer la technique de l’oignon : multiplier les couches, pour favoriser la régulation et l’efficacité thermique, mais avec une vraie adaptabilité (on enlève, on remet…). Une technique de l’oignon “classique” associe souvent trois couches : une couche respirante, pour bien évacuer la transpiration, une couche isolante, pour conserver la chaleur corporelle, et une couche de protection contre les agressions externes (vent, pluie, froid extrême).

En matière d’isolation des corps, comme des bâtiments, le matériau importe ! Pour la garde-robe hivernale, la laine est un incontournable, en première comme en deuxième couche. Elle a la double faculté de conserver extrêmement bien la chaleur corporelle, avec une très bonne respiration et évacuation de l’humidité. Pulls et sous-vêtements en laine sont donc vos alliés.

Être “bien” habillé permet d’être tout aussi confortable, avec quelques degrés de moins dans la pièce.

User et abuser des petits équipements pour se réchauffer

Parmi les indispensables de l’hiver, on trouvera :

  • Des plaids à côté du canapé et du poste de travail
  • Des thermos pour garder le thé, le café ou la tisane au chaud
  • Une bouillotte pour réchauffer le lit
  • Un bonnet, des mitaines

Chauffer au plus près

Il y a besoin de très peu d’énergie pour chauffer un tout petit volume. Et vous n’aurez pas froid si certaines parties de votre corps sont au chaud. Par exemple, on peut recouvrir une table de tissus descendant jusqu’au sol, recouvrant les jambes, et placer sous cette table un petit radiant électrique. Chaleur garantie !

En hiver, si le corps est inactif (typiquement, si vous travaillez devant un ordinateur), c’est souvent les mains qui commenceront à avoir froid. Les mitaines peuvent être vos alliées ; et pourquoi pas un tapis de souris chauffant. Gadget, vous me direz ? Peut-être. Mais un gadget à 100W qui peut vous éviter de lancer un chauffage à 1000W… c’est un gadget qui peut valoir le coup.

Ces quelques exemples ne sont qu’un aperçu. Pour aller plus loin avec la démarche SlowHeat, ça se passe ici.

Chauffer le collectif plutôt que l’individuel

Mieux vaut chauffer une pièce où se trouvent plusieurs personnes que plusieurs pièces où ne se trouvent qu’une seule personne (pareil en été : mieux vaut profiter des grands espaces climatisés en collectif que climatiser chez soi...).

Et ce, à double titre : bien sûr, cela fait moins d’espace à chauffer, mais en plus les corps sont de véritables petits chauffages ambulants, et il y aura besoin de beaucoup moins d’énergie pour chauffer une pièce remplie de monde. Alors en hiver (et en l’absence de virus !), on se réfugie dans des espaces collectifs : bureaux, coworking, bibliothèque, café, ateliers partagés…

La santé avant tout

Conserver la chaleur, c’est important, mais attention à garder les bons réflexes : été comme hiver, on ventile au moins 10 minutes les pièces de vie, idéalement matin et soir (avec une attention toute particulière pour la cuisine et la salle d’eau) : on évacue l’humidité, les polluants, les moisissures, les acariens et les bactéries.

Malgré ce que l’on peut penser, aérer régulièrement fait faire des économies de chauffage, car l’air sec est plus facile à chauffer que l’air humide. Par ailleurs, si on ventile fréquemment sur des périodes courtes, les murs et le mobilier n’ont pas le temps de se refroidir. La déperdition de chaleur est donc très minime !

Pour aller plus loin

Le guide de l'ADEME "Comment passer un hiver tout confort ?"

Crédits images : Unsplash - Alexey Demidov / Falaq Lazuardi / Hannah Smith / Bernd Dittrich, Eagle Pipe Heating & Air

Portrait de Julie Pouliquen

Julie,

Julie est engagée depuis plus de dix ans dans la transition de notre société. Elle a rejoint l'équipe de Nos Gestes Climat en 2023 en tant que spécialiste carbone, et veille à la pédagogie du calculateur et des contenus publiés.